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Forces. Éveil, L'Humanité

 

un tryptique de textes d'August Stramm

Traduction

 

August Stramm. THÉATRE ET CORRESPONDANCE. Texte français et présentation Huguette et René Radrizzani. Coll. “L’acte même” . Editions Comp’Act. 2000 

August Stramm. POÈMES ET PROSE. Texte français et présentation Huguette et René Radrizzani. Editions Comp’Act. 2001

 

 

Partenaires

 

Coproduction : Théâtre Vidy-Lausanne, L'Espal - scène conventionnée (Le Mans), La Fonderie (Le Mans), La Ferme de Bel Ebat (Guyancourt), Atelier hors champ. Avec le soutien de : la DRAC Ile-de-France, l'Adami, l'ONDA.

 

Distribution

 

Mise en scène : Pascale Nandillon

En collaboration avec : Céline Finidori

Scénographie : Frédéric Tétart

En collaboration avec : James Bouquard

Réalisation : les Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne

Lumière et son : Frédéric Tétart

Régie générale, régie lumière : Cyril Desclés

Costumes : Odile Crétault

Vidéo : Céline Finidori

Avec : Elie Baissat, Séverine Batier, Ghislain de Fonclare, Myriam Louazani, Sophie Pernette

 

Présentation

 

Je suis assis dans un trou appelé abri ! fameux ! Une bougie, un fourneau, un siège, une table. Tout cela conforme aux temps nouveaux. La culture du XXe siècle. Et au-dessus, ça crépite sans interruption ! Clac ! Clac ! Scht zoumm ! C'est l'éthique du XXe siècle. Et à côté de moi quelques lombrics sortent de la paroi en se tortillant. C'est l'esthétique du XXe siècle.   August Stramm. Lettre à Nell et Herwarth Walden, (Chaulnes) le 5 (mars) 1915

 

Dans ce triptyque composé de trois œuvres d'August Stramm : Forces, Éveil, L'’Humanité, écrits en 1914 résonne, comme venu d’un hors champ interdit aux jeux du théâtre, le fracas d'’un monde qui se défait.

 

Quelque chose menace, quelque chose qui renvoie à la catastrophe historique, au bouleversement social et à la faillite de l’être entre les répliques d’un drame de salon (Forces), dans la fragilité d’une allégorie aux accents symbolistes (Eveil), dans la voix paradoxale d’un poème sans locuteur (L’Humanité), se réfléchit l’autre théâtre — celui du désastre — dont la menace sourde commande et mine la représentation.

 

August Stramm écrit une partie de son œuvre dans les tranchées de la Grande Guerre, à la lueur d’une bougie. Sa langue éclatée, balbutiante et incandescente porte en elle les impacts sonores et lumineux du champ de bataille. Déflagration, morcellement, vitesse et torpeur présents dans son écriture témoignent d’un refus de se figer dans une identité ou dans un être au monde. Stramm ressaisit le réel au plus près de sa combustion.

 

Le désir de “vouloir tout dire, tout” dans un temps très court, de retrouver le monde à partir du fragment, de faire passer l’expérience physique dans le mot, de faire advenir le corps dans les mots sont au cœur de cette langue où signification, sons et rythmes ne font qu'un.

 

Forces

La pièce Forces est un drame bourgeois qui se délite, un lambeau de vaudeville à quatre voix Les failles intérieures de LUI, ELLE, L’AMI et L’AMIE s'aiguisent jusqu’au paroxysme du meurtre, du suicide. Cette mascarade en huis-clos ne peut plus contenir le drame de l’être et les forces souterraines qui l’agissent. Le hors champ menace et hante l’aire de jeu. C'est toujours au-dehors qu'a lieu l'acte : l'adultère, le meurtre.  Les personnages sont régulièrement happés par les forces obscures du parc.Au-delà du parc qui entoure la maison gronde la guerre, le peuple et les révolutions à venir.

 

Eveil

Le premier mouvement d'Éveil démarre dans une torpeur trouble entre rêve et éveil, entre folie et conscience. La brèche dans le mur déchire la membrane du rêve et libère ce qui est contenu en ELLE. Comme une digue qui cède, toute la violence du monde se déverse dans un précipité vertigineux. Le hors champ encore lointain dans Forces s’engouffre au cœur de la pièce Éveil quand la foule pénètre la chambre des amants.Un miroir se brise, le monde se fragmente. Éveil nous plonge dans les mouvements de contagion hystériques d’une masse encline à l’émeute, à la révolution, au chaos - une foule prête à inventer le bouc émissaire, à s’en remettre au meneur, à  s'inventer un homme providentiel...

 

L’Humanité

Le poème L’Humanité renaît des cendres de Forces et d’Éveil et des ruines du théâtre. Ce poème visionnaire, écrit juste avant la guerre, retourne au flux premier de la langue, nous ramène en deçà de la conscience, avant la forme. Finir sur L’Humanité, en dépit de la chronologie des textes, c’est mettre l’accent sur ce qui réchappe d’une œuvre travaillée par le chaos : l’humanité bien sûr, mais surtout ce qui la fait telle — un langage, désordonné ou réordonné mais qui, dans les mots désarticulés, identifie l’art à une force de résistance. Mettre L’Humanité à la scène, c’est faire entendre dans ce langage en ruines la voix où il s’origine, c’est indiquer le corps presque disparu où subsiste un murmure. Deux hommes, une bougie, du silence.Ne reste que la racine vivace des mots arrachés à l’espace… “Au fond des nuits”… d'où émergent les mots.

 

 

Forces est une valse trébuchante, Éveil est une symphonie cacophonique pleine d’éclats, L’Humanité est une incantation.

 

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