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Texte de Nicolas Thevenot paru sur Un Fauteuil pour l'Orchestre / 24 octobre 2022

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L’enfant est agenouillé, affairé. Peignant à grands traits, emporté par l’urgence d’une indomptable nécessité, la feuille de papier blanc posée au sol bientôt disparaît sous les coups du large pinceau enduit de peinture noire, comme avalée par la nuit. « Qu’est-ce que tu fais Louis ? » lui demande sa mère. « Je peins la neige » répond l’enfant. Très énigmatiquement, dès les premiers mots, dès le premier geste, Le verso des images annonce la couleur : dévêtir l’imaginaire des habits du visible, le défroquant ainsi pour mieux l’affranchir des pâles évidences, qu’il recouvre sa liberté entière, qu’il ouvre aux esprits de nouveaux chemins de connaissance. Commençant par l’acte de peindre en recouvrant une surface de noir, et s’achevant sur un tableau au cadre doré, identiquement noir, la dernière création de l’atelier hors champ, boucle ainsi sa boucle par le verso d’une même image comme un manifeste.

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Pascale Nandillon et Frédéric Tétart ont ensemble écrit et mis en scène cette évocation de la vie de Louis Braille, inventeur du célèbre et universel alphabet qui porte son nom. Pour raconter l’histoire de cet enfant devenu accidentellement aveugle très jeune, l’écriture est de bout en bout limpide, alternant narration et scène dialoguée. Elle est surtout profondément sensible, inventive, donnant naissance à une relation spectaculaire qui ne serait plus soumise aux seuls diktats du visible. Ce qui est habituellement délimité par la vision se redéploie à l’infini dans une polysémie sensorielle. « Les oiseaux dans le ciel crépitent comme des étincelles ». Une autre grammaire de l’être au monde se met en place, une autre enfance de l’art s’offre à chaque spectateur, petit ou grand, si l’on veut bien entendre par là cette capacité insoupçonnée à saisir le monde par la totalité de nos sens sous la gouverne de l’imaginaire. « Ça brille dans les oreilles » crie Louis.

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Sur la scène, des tables surmontées de plateaux blancs comme d’immenses feuilles de papier flottant sur le cours de l’histoire. Des objets hétéroclites les parsèment, tête d’homme en plâtre, violon, tas de farine, pelote de ficelle, pile de draps, vasque d’eau, livres… dans une latence inquiète semblable à celle qui nimbe les peintures de Giorgio de Chirico. Ils sont autant de formes de la mémoire, des réceptacles émotifs, des agrégats de passé, des continents poétiques où Le verso des images extrait les reliefs de sa trame.

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C’est un abécédaire, chaque scène est annoncée par un mot lui-même précédé par la clameur de sa première lettre. Ainsi chaque partie est à l’image du tout, épouse la course inouïe de Louis Braille : cette quête héroïque d’un nouvel alphabet. « A comme accident ». Louis est seul dans l’atelier de son père, joue avec l’allène servant à percer le cuir. Sur scène, dans un raccourci de quelques secondes, Louis donne des coups d’archets, le violon gémit, les cordes se tendent, grincent dans un cri, tandis qu’une pierre pointue brille de mille feux juste au-dessus de sa tête et que des hennissements stridents déchirent la nuit et nos âmes. Cut. Noir. Le verso des images est fait de ces fulgurances holistiques, épiphanies d’une écriture de plateau composée d’équivalences poétiques et synthétiques, écriture merveilleuse, à la fois condensation et diffraction à l’instar d’une boule à facettes. La texture émotive du spectacle est rythmée de ces acmés, comme les reliefs des points sous la pulpe du doigt lisant un texte en braille. Le verso des images fait saillie, il perce l’enveloppe de nos préconceptions, il perce le voir, et accouche d’un nouveau monde. Un cerceau suspendu depuis les cintres est un puits où la voix se perd en écho comme des ronds dans l’eau, la canne de l’aveugle est une baguette de sourcier, une flûte, une arme. Le naturalisme qui encombre habituellement les scènes de théâtre laisse la place ici à l’animisme des formes.

Et si Le verso des images est un spectacle inclusif, pour reprendre ce terme dans son acception contemporaine, ce n’est pas seulement parce qu’il accueille également des spectateurs déficients visuels sans qu’une audiodescription ne soit requise, ni seulement parce qu’il s’adresse autant à un jeune public qu’à un public adulte, c’est aussi parce qu’il nous enveloppe comme une peau sensible parcourue d’aspérités, de replis, de béances, de tensions. Images, sons, lumières, mots tissent cet épiderme multiforme qui fait corps et colle à la peau du spectateur. Rarement on aura eu la sensation d’adhérer autant et littéralement à un spectacle.

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Empruntant à l’art du conte avec son lot d’épreuves rythmant le parcours initiatique de son personnage, la création de l’atelier hors champ saisit le singulier et l’intime d’une histoire, celle de Louis Braille qui ne s’en laisse pas conter et n’aura de cesse de lutter contre les institutions et le monde tel qu’il est. A travers cette vie illustre, Le verso des images nous tend alors un miroir, devient emblématique et universel sans rien perdre de sa force concrète : c’est alors l’enfance irréductible, cette bouche de vérité, qui se met à nous parler sans compromission, c’est, en filigrane, la jeunesse d’aujourd’hui luttant contre les errements et l’aveuglement de ses aînés lui léguant un monde en destruction. La partition est magnifiquement portée par Aglaé Bondon, interprétant Louis avec douceur et conviction dans une transparence telle qu’elle nous donne à voir tout ce qui la traverse, véritable médium du plateau, et puis par Sophie Pernette, narratrice et virtuose dans cette galerie de personnages qu’elle endosse, telle une Madame Loyale les faisant surgir en quelques signes.

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Si Le verso des images, enfin, nous touche et nous bouleverse comme un poème épique scandant à sa mesure l’injustice du réel et le combat mené à hauteur d’enfant pour inventer un monde meilleur, s’il est certain que ce qui opère sur scène et nous traverse au-delà des mots et des images participe de la célèbre citation de Saint-Exupéry, « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux », il y a aussi et peut-être avant tout, comme un préalable, cette révélation que nous fait vivre l’atelier hors champ : le théâtre est l’art de rendre visible ce qui nous aveugle, de toucher du doigt et du cœur une émotion enfouie jusque-là, le théâtre est ce trompe-l’œil exprimant dans une écriture enfin accessible ce qui, sans cela, resterait illisible dans le roman de la vie.

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Texte de Marie Plantin paru sur sceneweb / Avril 2023

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Le Verso des images ou la vie de Louis Braille en synesthésie

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A la tête de l’Atelier Hors Champ qu’ils co-dirigent en binôme, Pascale Nandillon et Frédéric Tétart créent un spectacle de toute beauté, sensitif et tactile, qui retrace la vie de Louis Braille, l’inventeur du célèbre alphabet pour aveugles au XIXème siècle. Une épopée intime et passionnante qui dessille le regard et ouvre les vannes de nos capacités perceptives, loin, très loin des préjugés et projections réductrices sur la malvoyance. Un spectacle d’une poésie renversante, accessible à tous.

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C’est par le son que commence ce spectacle d’une beauté vertigineuse. Dans le noir de notre imagination. Puis la lumière se fait et l’on découvre cet enfant, genoux à terre, intensément plongé dans son activité, tout à son œuvre dédié. Que peint-il avec tant d’ardeur et d’encre noire ?

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La neige, répond-il à sa mère. Le frottement frénétique d’un pinceau sur le papier, voilà le son, mélange de glissé et de frappé, d’allers-retours et de vitesse, qui nous a cueilli dans l’obscurité pénétrante en ouverture de cette proposition scénique inouïe de délicatesse et de richesse, accessible aux voyants, non-voyants, malvoyants sans pour autant avoir recours à l’audiodescription.

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Une entrée en matière qui en dit long sur la suite, sur la friction de toutes les formes d’expression à l’œuvre dans ce travail remarquable d’épure et de complexité mêlées, sur la personnalité de son personnage pivot, Louis Braille, dont l’histoire vraie constitue la trame de la pièce, inspirée par le livre jeunesse “Louis Braille, l’enfant de la nuit” de Margaret Davidson mais écrite au plateau en l’articulant avec les recherches et rencontres menées par Pascale Nandillon et Frédéric Tétart dans le cadre d’ateliers avec des personnes non-voyantes. Son application, sa persévérance, sa soif d’apprendre et d’entreprendre, de s’exprimer, d’être au monde, librement. Louis Braille est déjà là, tout entier contenu dans cette image. Seul et entouré. Choyé par la lumière qui le couve et par cette femme, narratrice bienveillante qui endossera tous les rôles secondaires, parentèle, professeurs, amis, dans une présence en pointillé, calme et ancrée, grave mais néanmoins rassurante. Un point d’appui et d’équilibre entre Louis, ce qui l’occupe et le préoccupe, et le monde extérieur. Elle l’accompagnera tout du long de son chemin et du spectacle, telle un guide qui conduit le récit tout en manipulant au plateau les différents éléments de décor. Tel l’ange gardien d’une existence qui se trace et se trame au bord du vide.

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A comme accident. Celui qui lui coûtera la vue. Le spectacle avance au gré de l’alphabet et égraine ses thèmes au rythme des obsessions de Braille. C comme conquête, chevalier aveugle. L comme livre, M comme musique, méthode. Celui qui inventera l’écriture constituée de points en relief qui porte désormais son nom était curieux, avide de découverte, dans un monde encore loin de l’inclusion des personnes handicapées mais porté par le souffle des recherches en cours, encore empreint de l’apport humaniste des

Lumières. Et le spectacle, s’il zoome sur le parcours de Louis Braille, s’attachant à chacun de ses pas, n’omet pas d’évoquer ce contexte historique stimulant. De sa commune natale où il emmagasine tout ce qu’il peut au fond de la classe à la capitale où il intègre à 10 ans l’Institut des Jeunes Aveugles dans l’espoir d’y apprendre à lire, de son enfance à l’âge adulte où il fut professeur et organiste réputé, la pièce ne se contente pas d’illustrer son parcours biographique mais tend plutôt à l’éprouver par tous les pores et c’est là son intelligence immense.

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En déployant un espace scénique agencé en îlots de mobiliers, comme une installation où les corps sont amenés à se mouvoir, à dessiner des trajectoires et une quête, “Le Verso des images” compose, décompose, recompose des tableaux vivants et cartographies de points et de lignes, où les objets semblent animés d’une âme. On reconnaît là le soin de Pascale Nandillon et Frédéric Tétard à inventer des écrins scénographiques aussi parlants que le texte, concrets et poétiques à la fois, extrêmement sensoriels, à travailler dans un même geste éléments scéniques et dramaturgiques. Chaque table disposée, chaque accessoire, chaque cadre, raconte un pan de l’histoire et fait sens dans son déroulé sans pour autant être réduit à sa fonction utilitaire. Pas un livre grand format, un appareil photo d’antan, un cercle de métal, une canne en bois, un métronome lancé en canon avec d’autres, une nappe de tissu lourd, un vase en verre, une poignée de poussière, qui n’irradie formes, volumes, matériaux et couleurs dans une harmonie visuelle et tactile sublime, associée à un écran de projection dont les motifs réalisés en direct en vidéo-projection entrent en interaction avec les mouvements des actrices.

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C’est une œuvre d’art palpitante et totale où l’immatériel entre en résonance avec la matière, la musique et le son en partitions parallèles, tissées et imbriquées avec un sens rare de la composition. Émis en direct au plateau ou spatialisé dans une écoute immersive, le paysage sonore et musical conçu par Frédéric Tétart architecture l’espace-temps et la chronologie d’une vie. Vent dans les branches, coucous des bois et autres oiseaux s’en donnant à coeur joie, cloches tintinabulantes et cheval hennissant, craquement des marches, cris des enfants dans la cour, tout l’environnement sonore donne consistance et rythme au récit et s’enchevêtre à la chorégraphie des corps et des objets. Car tout est d’une précision sans faille, pas un geste en trop, pas le moindre pathos, l’émotion se distille au compte- goutte et les comédiennes tiennent la note juste tout du long, Sophie Pernette en narratrice terrienne qui nous offre la limpidité de son regard pour mieux nous emporter avec elle dans l’histoire, et Aglaé Bondon, véritable révélation, qui donne à Louis Braille son physique juvénile et gracile, sa coupe garçonne et ses yeux transparents. De bout en bout, on dirait qu’elle est éclairée de l’intérieur, sobre, d’une justesse toute musicale, dans ses éclats de colère déchirants, ses tâtonnements, ses emportements, ses élans et le cheminement de sa pensée intérieure, c’est un Stradivarius à elle toute seule. Dans sa diction et le corps à corps qu’elle opère avec le texte, merveille d’épure et de poésie, de phrases indélébiles et hors du temps, dans la chaleur ocre et la douceur dorée des jeux de lumière de Soraya Sanhaji, elle communie avec l’espace, tactile, réfléchie, humant l’air, apprivoisant le monde avec ses mains, dans un contact qui nous parvient jusque dans les gradins. Et lorsqu’elle effleure du bout des doigts le buste de Braille offert par ses élèves au terme d’une existence riche, généreuse et accomplie, on ressent la même gratitude pour ce spectacle exquis, aussi instructif que bouleversant, qui ouvre en grand les portes de la perception et invente au plateau une forme unique et sensitive de synesthésie où cerveau et épiderme s’imprègnent de concert de tous les stimuli – picturaux, musicaux, architecturaux, combinés.

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Texte de Jean-Pierre Thibaudat paru sur Le Club De Mediapart / Avril 2023

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Non-voyants, emmenez les voyants voir "Le verso des images"

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Le public est composé d’enfants et d’adultes, une partie des enfants et une partie des adultes sont des non-voyants. Tous sont venus assister à un spectacle de la compagnie l’Atelier hors-champ, « Le verso des images », sous-titré « Une histoire de Louis Braille », histoire vraie, qui, par bien des côtés, ressemble à un conte, avec sa part de beauté et sa part de cruauté.

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Il était donc une fois un enfant comme les autres qui, né en 1809, se prénommait Louis et s’appelait Braille. Son père travaillait le cuir. Un jour, à l’âge de trois ans, en s’amusant avec une alêne de son père, un faux mouvement, et l’alêne atteint l’œil qui s’infecte. L’infection gagne le deuxième œil, de fil en aiguille et de mal en pis, l’enfant perd complètement la vue.

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Louis Braille gardera de ce bref séjour dans le monde des voyants, une brassée de sensations, des lueurs, des odeurs. Mais de là aussi, peut-être, puise-t-il une force incommensurable qui lui vaudra par la suite de vaincre bien des adversités. 

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Très jeune, Braille invente une écriture tactile qui permet de lire des livres mais aussi de la musique. Les enfants non-voyants l’adulent, il n’en va pas de même de certains adultes férus d’institution et d’idées toutes faites, qui, profitant d’une moment où Braille est malade, en profitent pour brûler les livres qu’il a transcrit via sa méthode. Ils iront jusqu’à interdire l’usage de l’alphabet tactile inventé par Louis pour ses pairs. Braille aura finalement gain de cause et son écriture pour non voyants fera le tour du monde.

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« C’est l’histoire d’une obstination qui bute contre l’institution » et « c’est l’histoire d’une intuition lumineuse, menacée par l’ordre établi et le monde suffisant des adultes, mais sauvée par les enfants » écrivent Pascale Ardillon et Frédéric Tétart qui cosignent la mise en scène et co-dirigent la compagnie l’Atelier Hors-champ basée au Mans.

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Avec leur équipe, ils ont mené des ateliers croisés, voyants-non-voyants, pour enrichir la narration et déployer le rendu visuel et sonore très inventif du spectacle, un travail sur tous les fronts et dans un constant échange qui caractérise leur démarche.

La compagnie L’Atelier hors-champ a été créée au Mans en 2001. Avec des spectacles sur des textes allant de Koltès à Michaux, d’un film d’Eustache aux Cahiers de Nijinski. Frédéric Tétart a rejoint la compagnie en 2008. Nandillon & Tétart se sont alors penchés sur des écriture allant de Stramm à Savitzkaya, d’ Annette Libotte à Gertrude Stein.

Leurs spectacles sont créés au Mans, le plus souvent au Théâtre des Quinconces- L’Espal (Scène nationale) où encore à la Fonderie du Mans, la compagnie entretenant une relation d’amitié et de proximité avec le Théâtre du Radeau. D’ailleurs, en allant voir Le verso des images, j’ai eu l’impression que l’ombre fraternelle de François Tanguy, disparu il y a peu, rôdait dans les coulisses de ce spectacle dont il avait dû aimer l’espace fait de déconstruction et reconstruction, la narration non linéaire, le jeu fluide des deux actrices, Sophie Pernette et Aglaé Bondon, la musicalité visuelle et sonore du tout. Ce spectacle avait été accueilli à la Fonderie en mars dernier, après la création Au Théâtre des Quinconces en octobre 2022. Il a tourné ici et là.


La tournée s’achève cette semaine à l’Échangeur de Bagnolet. Il serait dommage que son périple s’arrête si tôt. Voyants et non voyants, beaucoup devraient l’avoir vu et pas seulement les enfants. Un spectacle qui nous touche car il touche juste. Dans le programme Nandillon et Tétart citent le propos d’Omar, un enfant non-voyant qu’ils ont rencontré : « je crois que je peux vous expliquer ce que c’est que le toucher. Quand vous touchez un pétale de rose sans voir, il y a du velours, du parfum, et je vois une couleur. C’est ça quand on touche une fille qu’on aime ».

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Texte de Véronique Hotte paru sur Hotello / Avril 2023

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Non-voyants, emmenez les voyants voir "Le verso des images"

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Louis Braille (1809-1852) est l’inventeur d’un système tactile à points en relief à l’usage des personnes aveugles et malvoyantes permettant d’écrire et de lire l’alphabet et la musique. Le Verso des images raconte, décrit et joue l’aventure lumineuse de ce génie. Composition sonore, musicale et immersive pour les non-voyants, composition sonore et visuelle pour les voyants, partagée par les enfants et les adultes voyants et non-voyants.


Une manière patiente de performance sensitive sur un long chemin d’accomplissement, avec Pascale Nandillon et Frédéric Tétart pour maîtres d’oeuvre d’un spectacle précieux jouant du théâtre d’objet, d’ombre, de vidéo, de musique et de chants infinis des oiseaux.

Sur scène, les deux comédiennes éclairées, Sophie Pernete et Aglaé Bondon : l’une porte le récit, la description et la parole de voix diverses – mère, amis du protagoniste, l’autre celle de Louis Braille qui alterne parole intérieure, sensations et échanges verbaux. Les interprètes font vivre figures, objets, matières, et se mouvoir la topographie du plateau. C’est aussi une transposition picturale et sonore des événements, accomplie en direct.

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La sensation du toucher – essentielle pour le non-voyant ou le mal-voyant – est sensible sur le plateau grâce à une palette graphique qui vidéo-projette des dessins réalisés en direct, restituant la sensation tactile, illuminant et colorant les objets effleurés par Louis. Les sensations olfactives sont presque convoquées, l‘odeur du cuir, de la moisson d’été.

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Le spectacle invite la dimension historique de l’alphabet braille, vertu pédagogique et poétique pour le public, une histoire d’émancipation des non-voyants : « ...Valentin Haüy, puis Louis Braille..., une époque de bouillonnement qui voit émerger en moins de cinquante ans le décryptage de la pierre de Rosette par Champollion, la naissance du Braille, celle du morse, du télégraphe, d’une multiplicité de codes et de signaux..., un intérêt pour l’apprentissage des langues étrangères, la quête incessante d’un langage universel nourrie de l’humanisme des Lumières et de la Révolution française. »

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A trois ans, Louis Braille perd la vue en se blessant l’oeil, un accident domestique d’enfant – il emporte dans sa mémoire de lointaines images, une foule de sensations : un cheval, la lumière de l’été, son ombre sur le mur, le vent dans les feuilles, les mains de son père dans l’atelier de sellerie, la porte au fond du jardin, l’odeur du cuir, une flaque de pluie...

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Toutes choses re-trouvées sur le plateau poétique jusqu’aux raies de lumière de la porte.

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Louis Braille a inventé une écriture qui laisse les enfants libres d’accéder seuls au savoir, à la musique qui remplit la vie, transcende le langage; l’enfant passe ses nuits à peaufiner son invention, à encoder livres et partitions pour ses semblables – un immense organiste.

Professeur pour les élèves non-voyants dans l’Institut, il tombe malade: ses transcriptions sont brûlées dans la cour de l’école durant son absence, l’utilisation de son alphabet est interdit aux enfants qui s’opposent à l’arbitraire; l’intuition sera reconnue, enfin victorieuse.

L’histoire d’une résistance, d’un élan salvateur vers la lumière – propre et symbolique – assumé par les enfants près de l’inventeur pour l’accès à la lecture, à l’écriture libératrices.

 

Le rêve scénique, le spectacle poétique d’une aventure fondatrice posée en majesté, la conviction tenace de la raison et de l’ouverture à l’autre, au monde et à soi. A travers sensations auditives, musicales, verbales, tactiles et visuelles, beau rendez-vous.

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Texte de Brigitte Rémer paru sur Ubiquité culture(s) / Avril 2023

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« – Qu’est-ce que tu fais, Louis ? – Je dessine ! – Qu’est-ce que tu dessines ? – Je dessine la neige… » L’enfant vient d’étaler sa peinture noire sur une grande feuille, il vit dans le noir depuis qu’il s’est blessé avec un poinçon dans l’atelier de son père, bourrelier, où il s’est faufilé pour jouer comme il le faisait souvent. Il a cinq ans et malgré les soins prodigués l’infection a gagné l’autre œil. A comme accident.

Librement inspiré de l’histoire de Louis Braille (1809-1852) le spectacle dessine son parcours, de l’enfance assombrie par des yeux pleins de brume, à ses nombreuses années passées à Paris à l’Institut pour non-voyants, comme élève d’abord, puis comme professeur. On le suit dans sa détermination absolue, la recherche d’une technique pour construire un alphabet. Louis a cette passion des livres, pour lui territoires inconnus, et l’obsession d’en éditer pour ouvrir le savoir et la connaissance à tous les non-voyants.

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Petit, il écoute les bruits de l’école par la fenêtre. En 1815 on ne va pas à l’école quand on a un handicap, pourquoi apprendre ? Pourtant, à force de persuasion, il finit par s’y faire admettre et s’y révèle brillant. Il va plus vite que les autres, mais quand le maître dit : « Prenez vos livres » son cœur se serre. Dans la cour, dans la classe, il entend la carte du monde. « Je veux lire et apprendre tout seul » se dit-il résolument. B comme Bord, exister à la lisière : « où vont les chemins ? » se demande-t-il. L’enfant est réceptif à tout par l’écoute et le toucher, et retient tout, le spectacle le montre magnifiquement. C’est une actrice, remarquable de simplicité et de poésie, qui interprète le rôle de Louis (Aglaé Bondon), écoute les oiseaux, la craie sur le tableau, le tic-tac de la pendule, l’écho dans le puits, qui regarde la mathématique de la nappe brodée, qui joue du violon et qui fait passer avec finesse toutes les perceptions et sensations reçues par Louis enfant et plus tard adulte, comme des électrochocs.

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À dix ans Louis convainc ses parents de le laisser partir à Paris dans une école spécialisée pour non-voyants dont il a entendu parler. « Le village est trop petit pour toi, sois fort, tu es courageux ! » lui dit sa mère, interprétée par l’excellente Sophie Pernette qui est aussi la narratrice puis le directeur de l’Institution royale des jeunes aveugles, fondée par Valentin Haüy où Louis arrive seul en 1819. La Seine a gelé, la visite de l’institution avec le médecin-directeur est tout aussi glaciale : remise de l’uniforme, visite éclair des ateliers – il faut apprendre un métier, de la chapelle – on est tenu d’assister aux offices. « Ils me regardent tous » dit-il – quatre-vingt-dix élèves de sept à seize ans. On ne lui montre pas la bibliothèque et le dortoir, pour peu qu’on réussisse à trouver son lit après un parcours labyrinthe, ouvre sur des nuits de cauchemar. Louis pourtant prend ses repères et noue des amitiés avec les enfants de l’institution. « Est-ce que les bruits gèlent ? » s’interroge -t-il.

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Un jour, derrière une porte repérée, il atteint la bibliothèque. On y trouve quelques livres pour non-voyants sur lesquels sont collées des lettres en relief, livres qui pèsent plusieurs kilos. L’obsession de Louis est désormais de lire ce qui est écrit et d’écrire ce qu’il a dans la tête, dans un livre des métamorphoses et pour que les livres ne soient plus jamais blancs comme la neige. « Le livre que tu écriras… » et sa vie se tend comme un arc à la recherche exclusive de cet alphabet rêvé. Il repasse dans sa tête les systèmes d’écriture et langues magiques qui ont traversé le temps : les hiéroglyphes et leur décryptage par Champollion à partir de la pierre de Rosette trouvée dans le delta du Nil, en 1822 ; le morse ensuite, suivi du télégraphe qui donna l’accès au savoir pour tous, puis l’écriture de nuit, première méthode tactile, inventée vers 1815 par Charles Barbier de la Serre. C’est à partir de là qu’il commence à travailler au stylet en faisant des points dans un carton et les aménageant pour construire un alphabet qu’on suit du bout des doigts. Le système de Barbier travaillait avec douze points, Louis en invente un à six points et construit vingt-six combinaisons, soit vingt-six lettres. « Voici mon alphabet ! » dit-il mais au début personne ne s’y intéresse : « je suis invisible constate-t-il, nous sommes invisibles. » La nuit, tous les enfants se mettent secrètement au travail pour écrire des partitions et des livres, selon sa méthode. « On écrit comme on entend et tout le monde cherche. » Et quand l’Institut recherche de l’argent, le directeur ordonne aux enfants de lire devant son cercle de donateurs, plein de condescendance. Le violon de Louis/l’actrice grince et se met en colère, dans une véritable danse du diable.

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À dix-neuf ans Louis rafle tous les premiers prix, fait du piano, du violoncelle, il est grand organiste à l’église Saint-Nicolas des Champs et travaille à la transcription de partitions. Son environnement est sonore, entre métronome, cloches et instruments de musique. Il enseigne avec douceur dans cette institution peu douce pour non-voyants qui va jusqu’à brûler les livres écrits selon sa méthode alors qu’il est rentré chez lui quelque temps soigner une tuberculose. « Ce n’est pas la première fois qu’une bibliothèque brûle ! » dit-il avec philosophie devant cet autodafé, avant de se remettre au travail avec les élèves, à son retour. Le 22 février 1818, une petite fille lit pour la première fois un poème en braille et c’est pour tous le signe et l’expression de la liberté.

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Sur le tableau noir, il y a des nuages rouges, il y a un ciel, des bateaux… L comme Livre, M comme Musique, O d’Opposition, P de percevoir. Le spectacle décline son alphabet avec une grande intelligence et finesse. La scénographie se compose de structures mobiles qui modulent un espace intemporel et servent d’écran où s’affichent écritures et couleurs. Ce que ne voit pas Louis le public le voit, les jeux d’ombre et de lumière alternent et la sculpture qu’on lui demande de toucher l’émeut particulièrement : « La sculpture, c’est vous ! » Elle fait pour lui fonction de miroir.
 

Pascale Nandillon et Frédéric Tétart ont fondé L’Atelier Hors Champ en 2001 et mêlent des matériaux fictionnels et documentaires, comme ils l’avaient fait avec Annette (oratorio) d’après les écrits d’Annette Libotte, internée à plusieurs reprises (cf. notre article  du 25 janvier 2019). Ils ont fait ici, avec Le Verso des images, un remarquable travail de recherche sur l’histoire de Louis Braille, un travail d’observation et d’interviews avec les non-voyants, et ont écrit un texte sensible et puissant qu’ils ont superbement mis en espace et en son pour les non-voyants, en images pour ceux qui ont la chance de voir. Les deux actrices, Aglaé Bondon et Sophie Pernette habitent l’histoire et rendent poétique ce qui en soi ne l’est pas et nous mènent dans la détermination, le combat, l’engagement et la résistance de Louis Braille – qui fut enterré en 1852 au Panthéon.

 

Le spectacle est aussi un dialogue qui s’est construit tout au long de la création et autour des représentations, en initiant des rencontres et des ateliers croisés entre voyants et non-voyants ; c’est une composition sonore, musicale et immersive pour les non-voyants en même temps qu’une composition sonore et visuelle pour les voyants ; c’est un récit poignant et un spectacle, rare.

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RETOUR D'UN SPECTATEUR AVERTI

Texte de Joël Hardy, docteur en sciences de l'éducation / Mars 2023

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Avant la lecture, il y a l'écriture 

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En inventant l’écriture en braille, en 1825, Louis Braille a créé le métier de transcripteur en braille. Deux siècles plus tard, cette écriture alternative d’une langue écrite ou parlée demeure la seule lecture devenue universelle et pratiquée par les non-voyants, lecteurs en braille. Les musiciens compositeurs non-voyants peuvent être joués par d’autres artistes musiciens, également et réciproquement, dès lors qu’un transcripteur en braille musical rend les œuvres accessibles. 

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Depuis 2018, chaque année, à l’occasion des « Césars » du cinéma, « Les Marius » récompensent les meilleurs films audio-décrits. Il s’en est suivi un intérêt grandissant pour l’audio-description, amplifié par « Les souffleurs d’images » et « les audio-descripteurs », véritable métier de médiateur culturel pour une meilleure accessibilité. Désormais, l’audio-description est un sujet permanent dont les applications restent en devenir. 

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Or, en allant au théâtre, voir « Le verso des images » vous assistez à la présentation d’une « histoire de Louis Braille ». A moins qu’à travers « Une histoire de Louis Braille » vous découvriez « Le Verso des images ». La compagnie de « l’atelier hors champs » annonce une pièce ouverte à tous les âges et à tous les publics. A l’entrée du spectacle, l’absence de dispositif ou de matériel d’audio- description ou de « souffleurs d’images » interroge le public en attente de cohérence avec l’annonce de la pièce. Qu’en est-il de l’accessibilité dans une histoire de Louis Braille produite au théâtre ? 

 

Le « Verso des images » donne une réponse novatrice et stimulante, conséquence heureuse d’une activité de recherche approfondie dans l’écriture et la mise en scène. « Une Histoire de Louis Braille » est interprétée magistralement par Aglaé Bondon - Louis Braille - et Sophie Pernette dans les rôles de proximité de Louis Braille. Cet aboutissement réside dans la prouesse de l’écriture, elle-même. Les dialogues tissent le texte, ils colorisent l’obscurité et sculptent les espaces. Bouleversant, renversant, vivifiant ... la fusion de deux écritures en une seule, celle d’une pièce et son audio description ou celle d’une histoire de Louis Braille et du verso des images n’est plus une conséquence aléatoire. En étant à l’origine de la production de la pièce, une seule plume conscientise la force de la diversité et fait jaillir des offres de lecture d’une œuvre. La mise en perspective du texte par le texte lui-même, à destination de tous les publics, fait naitre un souffle de sentiments pluriels, naturellement singuliers dans leur perception. L’inclusion n’est plus en projet, elle est dans les faits. Cette habilité artistique de l’écriture ouvre une fenêtre sur la connaissance du monde. Pascale Nandillon et Frédéric Tétart, directeurs artistiques, auteurs et metteurs en scène ont élevé le niveau d’exigence de l’écriture d’une œuvre en vue de faciliter l’accès à la culture pour tous et partout, par l’écriture et la lecture, comme le jeune Louis a pu le faire en créant le braille pour écrire et être lu directement, sans interface. 

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Texte de Thomas Cepitelli paru sur Toute La Culture / 30 mars 2023

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Le verso des images : un jeune public visuel et poétique

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Conçue autour de la vie Louis Braille, pour un public voyant et non-voyant, la nouvelle création de l’atelier hors champs émeut autant qu’elle instruit. 

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Une histoire de l’ouïe

Un tableau noir ouvre et clôt le spectacle. Un outrenoir à la Soulages où chacun-e projette son regard, ses peurs, ses attentes, ses espoirs. Un noir comme un cri pour faire reculer les ténèbres, celles qui avancent, entre autres, dans l’œil de Louis Braille. 

De “A” comme accident à “N” comme nuit noire en passant par “E” comme espoir, le texte égrène un abécédaire qui nous conduit dans sa vie. “L’histoire” de l’inventeur de l’alphabet qui porte son nom est bouleversante. C’est celle d’un jeune enfant qui perd la vue suite à un accident dans l’atelier de cuir de son père. Celle d’un pensionnaire vivant dans une institution pour jeunes aveugles où il est mal traité et où il croule sous un travail harassant. Mais c’est aussi celle d’un adolescent puis d’un jeune homme qui a décidé de transmettre le savoir et d’inventer un système pour ce faire, coûte que coûte et malgré tous les obstacles que l’on mettra sur sa route. Comment faire lire ces copensionnaires aveugles ? Comment leur faire aimer la géographie ? Leur faire jouer de la musique en déchiffrant une partition ? 

De cette histoire, Pascale Nandillon et Frédéric Tétart tirent un texte qui tend vers le Poème théâtral et musical. Il se fait partition vocale, visuelle et musicale. On pense beaucoup au travail de Heiner Goebbels par exemple. La partie musicale est l’une des grandes réussites du spectacle. Que ce soit par l’interprétation au violon, au plateau ou dans la musique enregistrée qui se diffuse tout au long du spectacle, elle se fait écho et écrin pour les deux comédiennes. Nos sens se troublent et dialoguent. Ils apprécient à la fois séparément et ensemble les différentes stimulations proposées dans le spectacle. 

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Une histoire de regard

Il n’est pas ici, à proprement parler, question de théâtre documentaire, mais bel et bien d’un théâtre documenté. En effet, on sent la création nourrie de lectures, de réflexions, d’échanges avec des non-voyant-e-s. Ce n’est pas sentencieux ou descendant, jamais condescendant. Un passage, en guise d’exemple, la petite conférence sur les différentes écritures inventées pour que les non-voyant-e-s puissent lire. Il faut tout le talent des deux comédiennes pour faire de cet exercice un moment tendre, amusant et instructif. Sophie Pernette se glisse tour à tour dans les rôles les plus divers (une mère attentive, un directeur d’institution terrible avec ses pensionnaires) avec une aisance qui force le respect. Aglaé Bondon joue Louis Braille à tous les âges. Et l’on voit son corps et sa voix évoluer sous nos yeux. C’est stupéfiant. 

La scénographie tient de l’atelier et du cabinet de curiosités. Sur un table-presque un autel pour une cérémonie mystérieuse (celle du théâtre ?) : une pile de nappes brodées, un buste blanc, des cadres vides, un jeu de puissance quatre, un vase transparent. Tout est question ici de lignes de fuite comme autant de perspectives (Daniel Arasse et à son On y voit rien ne sont pas loin), de pleins et de vides, de surface de projections. 

Parler du regard au théâtre est en soi un acte poétique et politique. Du theatron antique, que nous  reste-t-il ? En nous mettant face à un personnage non-voyant, le spectacle nous renvoie à nos propres perceptions. Qu’est-ce que voir ? Quoi regarder ? À quel(s) sens confier le soin de “voir” un spectacle ? C’est vertigineux de poésie, de tendresse et d’intelligence. Et l’histoire de Braille devient notre histoire. Celle d’un regard porté sur le monde, non pas tant par les yeux que par la croyance indéfectible en la connaissance, en l’art et dans le collectif.

Avec cette forme pour jeune et moins jeune public, Pascale Nandillon et Frédéric Tétart creusent encore le sillon d’un théâtre singulier et sensible en un mot : nécessaire. 

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Article paru sur le site ladepeche.fr / 16 mars 2023

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En partenariat avec la ville de Saint-Girons et la communauté de communes, l’Estive, la scène nationale de Foix et de l’Ariège programme à la Salle Max Linder "le verso des images".

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L’histoire, celle de Louis Braille qui pour Carole Albanese, directrice de l’Estive, illustre "la résistance, le refus de la fatalité. Des propos qui font sens en Ariège et peut-être plus particulièrement en Couserans".

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Tout jeune garçon, Louis Braille perd la vue et, plutôt que de se résigner, il mène son combat pour développer son propre système refusant d’être coupé de la lecture. Symbole d’une révolte comme d’une résistance, "comment surmonter une catastrophe, quelle capacité de résilience avons-nous, comment la solidarité peut œuvrer pour dépasser les obstacles ? Un vrai parcours emblématique."

Des retrouvailles aussi "avec des artistes formidables, talentueux et inspirants". Ceux de la compagnie Hors Champs, venues comme elle du Mans pour partager cette "nouvelle aventure théâtrale car cette création laisse sa place à tous. Le théâtre peut nous réunir, porteur de handicaps ou pas."

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Codirecteur de la compagnie, Frédéric Tétard avoue avoir été "bouleversé par cette histoire héroïque ou ce jeune enfant invente un langage tactile à l’usage des personnes non voyantes pour lire mais aussi transcrire la musique. Une vraie émotion".

Un texte original pour enfant de Margaret Davidson, "entièrement réécrit, celui d’un parcours, d’une réparation. L’histoire d’une résistance face aux corporatismes de l’époque. La communauté des enfants autour de lui qui l’aident à développer ce langage universel".

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Puis un challenge pour le directeur artistique "celui de s’adresser à des personnes qui ont l’usage de la vue et celles qui ne l’ont pas". Avec à l’arrivée un théâtre de sens où la dimension sonore et audio, la part narrative jouent un rôle important pour rehausser le jeu des acteurs, "raconter des valeurs humanistes, d’un besoin de rencontre avec l’autre" à l’heure du tout numérique.

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