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Presse 

 

Le petit poucet

 

 

 

Manger ou être mangé n’y a-t-il pas d’autre alternative?

Colette Broutin

 

Le Petit Poucet est un garçon singulier, c’est le sens mis en lumière par l’écriture, le jeu et la mise en scène du conte de Perrault par la compagnie Hors champ.

 

Dans cette famille fusionnelle, proche de la portée animale, le père n’hésite pas à abandonner ses enfants au plus profond de la forêt quand il ne peut plus remplir leur ventre. C’est un enfant nain qui assume seul le sort de la fratrie, en la guidant dans la forêt obscure et profonde, surmontant ses peurs et développant son intelligence.

 

Manger ou être mangé n’y a-t-il pas d’autre alternative ? Le texte et la mise en scène nous entraînent vers d’autres espaces. Dans ce parcours initiatique, ce Petit Poucet gagne à la fois son indépendance et le droit aux plaisirs d’une enfance insouciante, en se livrant à une danse souple et débridée avec un joyeux lapin. Dorénavant, les ombres de la forêt ne sont plus menaçantes mais deviennent des complices de jeux et l’enfant, devenu adulte, a conquis la liberté d’un imaginaire symbolisé par cet avion logé dans sa tête qui lui assure l’envol vers d’autres contrées à explorer.

 

Car la cellule familiale en prend un sacré coup ! La figure paternelle surtout, sombre brute, encore vêtue de sa peau de bête, totalement dominée par ses instincts de survie. Aussi se réjouit-on de le voir tricotant auprès de sa femme, entouré de sa marmaille quand le Petit Poucet rentre à la maison, triomphant. Le courage de son fils a-t-il fait de lui un père responsable ? Quant à la mère, va-t-elle pouvoir mieux exprimer son amour et exister enfin ? Le jeu des comédiens rend sensible cette tendresse entre ce petit garçon et sa mère comme il rend perceptible la découverte de l’autre sexe dans un geste à la fois osé et pudique : le Petit Poucet soulève le jupon rouge d’une petite ogresse ! Le jeune public se régale de ces transgressions, ces danses euphoriques, ces luttes joyeuses entre garçons qui sont autant d’échappées aux moments d’angoisse où la terreur, modelée par le jeu des lumières, pourrait l’emporter. Un beau spectacle qui invite à explorer, à nouveau, ce célèbre conte !

 

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