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La Tour / Les Sablons, Le Mans / film vidéo format Dvcam / 2008-2010

Ecriture, direction, montage Frédéric Tétart, Pascale Nandillon, Yoana Urruzola / images Frédéric Tétart, Yoana Urruzola, images 16 mm Stefano Canapa / son Elie Baissat, Frédéric Tétart

Création réalisée grâce à L’espal, avec le concours de la Ville du Mans, de la DRAC Pays de la Loire, des Contrats Urbains de Cohésion Sociale, du dispositif « Espoir Banlieues ».

    Quelque part en Europe, à une époque où s’affrontent la montée des nationalismes et des révolutions aux aspirations démocratiques, dans l'appartement inoccupé d'un quartier en rénovation, des gens se rassemblent autour de repas en partageant ces deux questions : " Que dire ? Que faire ? "

    Parce que nous en avions fait le choix, en vue de travailler dans le quartier des Sablons, nous avons habité trois ans dans la tour HLM où nous avons tourné ce film. L’idée d’inventer, d’habiter et de faire vivre, le temps de notre résidence, un appartement-atelier dédié à la création nous avait été donnée par les lieux : beaucoup d’appartements étaient vacants, fantomatiques - les tours et le quartier était au milieu d'une phase de rénovation urbaine ouvrant l'accès à la propriété.
    Nous avons profité de cette période charnière pour réfléchir à un autre usage des lieux : nous avons frappé aux portes, invité les habitants autour d'une longue table, parlé, projeté des films, partagé des repas collectifs et des textes, travaillé, lu, écouté des histoires, écrit ensemble des scénarios ouverts où étaient ré-injectés les récits du repas précédent, ré-improvisé, ré-écrit...
    Placé au coeur de la tour, comme la caisse vide d’un instrument de musique, l’atelier servait à capter et à amplifier tout ce qui la traversait, de haut en bas – ce qui venait des quatre points cardinaux, le bruit qu’elle recevait et celui qu’elle émettait.
    De ces grandes tablées est née une forme à la fois structurée et improvisée, un scénario à étages de plus de cinq heures que nous avons intégralement répété, filmé, monté et divisé en sept parties dont des extraits sont visibles en bas de page.

    Ce projet gageait que toute la réalité de la vie est recevable, est la matière première sur laquelle s’établissent la poésie et les mythes et qu’à ce titre, n’importe qui était à même d’incarner les mythes et la poésie ; que la poésie, les mythes et les fictions rechargent, éclairent et approfondissent « la réalité ». Qu’une culture vivante, c’est ce qui convoque l’humanité dans tous ses représentants et qu’il suffisait que les conditions soient favorables, généreuses et exigeantes, pour que cette humanité reprenne la parole. « Nous sommes des héros, tous les hommes sont des héros », disait Duras.
    Le travail jouait ainsi sur les différents niveaux de ce qui fait l’Histoire, les histoires : glissement de la fiction dans le quotidien, glissement des récits de vie dans la fiction, porosité entre les différents niveaux.

    L’Histoire se fabrique avec toutes les strates simultanées de la réalité.
    Ce qui se joue dans l’intimité des vies regarde le corps social et ce qui se joue à l’échelle du corps social a des répercussions dans l’intimité des vies : chacun est la caisse de résonance de l’autre. Il n’y a pas d’un côté la crise mondiale, la catastrophe écologique, la guerre, la recherche du bonheur social, les questions de partage, l’eau, l’argent, l’imaginaire collectif, les peurs, le désir, les rêves et de l’autre côté un espace domestique préservé et retranché. La télévision, le cinéma, les journaux, la littérature, font rentrer quotidiennement dans l’espace intime l’écho de ces évènements. Les « vies minuscules », de leur côté, sont celles qui viennent un jour à la surface de l’image sous la forme du peuple ; l’individu, c’est aussi bien l’entité perdue dans la masse des consommateurs que le corps qui arrête un tank.

    Ces réalités rassemblées trouvaient pour nous un équivalent dans l’espace de la Tour : concentré de vies, de questions, superpositions de mots, de musiques ; architecture poreuse où tout communique et où toutes les associations libres et hasardeuses ont lieu. Situées à la périphérie des villes, les tours en sont à la fois les centres d’observations, traversées par les vents, réceptacles de la rumeur du monde.

Ont été présents aux ateliers : Agathe Lachaud, Medhi Léger, Cathy Racine, Danièle Desvilles, Danièle Robelin, Pascal Toutain, Fred Agnès, Hélène, Ornella Desousa, Anthony, Cathy Lecourt, Sonia Ouchène, Guillaume Hogu, Pierrette Adraste, Gislaine Esnard, Jean-Robert Panguere, Jean-Benoît l’Héritier, Frédérique Jouglet-Marcus, Nicolas Thevenot, Elie Baissat, Sophie Pernette, Pascal Blottier, Richard Bayle, Christophe Papin, François Buzzetti, Laurence Kervella, Colette Mason…

 

La Tour / Prologue (extrait)

La Tour / Part I (extrait)

La Tour / Part IV (extrait)

La Tour / Part VII (extrait)

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